"Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses, qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes, s'entre-suivent en même façon, et que, pourvu seulement qu'on s'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduire les unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre. Et je ne fus pas beaucoup en peine de chercher par lesquelles il était besoin de commencer : car je savais déjà que c'était par les plus simples et les plus aisées à connaître ; et considérant qu'entre tous ceux qui ont ci-devant recherché la vérité dans les sciences, il n'y a eu que les seuls mathématiciens qui ont pu trouver quelques démonstrations, c'est-à-dire quelques raisons certaines et évidentes, je ne doutais point que ce ne fût par les mêmes qu'ils ont examinées ; bien que je n'en espérasse aucune autre utilité, sinon qu'elles accoutumeraient mon esprit à se repaître de vérités et ne se point contenter de fausses raisons."
Descartes, Discours de la méthode, 1637.
- Un collègue, Gabriel Gay-Para, a fait un très bon diaporama, qui recoupe beaucoup d'éléments abordés ici, en particulier la question des limites de la démonstration :
Distinguer :
Démontrer/prouver : "On prouve par des témoignages, par des actes, par
des preuves, en un mot; on démontre par des arguments. Un fait se prouve, mais ne se démontre pas.
Une proposition se démontre; mais elle se prouve aussi, quand les arguments sont considérés comme des
preuves." (Littré)
Intuition/Déduction : Ces termes désignent deux manières différentes d'accéder au vrai.
L'intuition est une opération de l'esprit par laquelle il saisit une vérité dans une certaine immédiateté. L'intuition peut être soit intellectuelle, soit sensible.
La déduction suppose quant à elle la mise en œuvre d'une pensée discursive (voir définition de ce terme dans le lexique), d'un raisonnement, par lequel la vérité d'une proposition va être établie (par étapes successives) en la tirant
d'une ou plusieurs propositions antécédentes qui en constituent les prémisses. Voir partie lexique du site.
Axiome/postulat/Théorème : Les deux premiers termes dont les différences sont subtiles et sujettes à
discussion désignent des propositions qui servent de fondements à une démonstration en mathématiques et qui sont
posées sans être démontrées : soit parce que leur vérité semble évidente par elle-même (et que ces propositions sont
considérées comme n'ayant pas besoin d'être démontrées ou comme indémontrables), soit parce qu'est affirmé et assumé
leur statut de pures conventions. (Voir également le lexique)
Un théorème en revanche est une proposition démontrée.
Vérité formelle/vérité matérielle ou vérité de raison/vérité de fait : Les vérités formelles sont celles
que l'on obtient à titre de conclusions d'un raisonnement déductif ou d'une démonstration. La raison seule suffit à les
établir. Les vérités de fait ou matérielles portent sur des états de fait extérieurs à l'esprit, donc sur une forme
d'observation (directe ou indirecte selon le domaine concerné). Une vérité formelle est nécessaire; une vérité de fait a un
caractère contingent irréductible.