Pour comprendre l'idée de « droit » on peut se référer simplement aux enfants, même jeunes, dans les cours de récré : lorsque l'un d'entre eux n'est pas content du comportement d'un autre lors d'un jeu, il lui lance un « T'as pas le droit! » sévère. Qu'est-ce que cela veut dire ? Quelle idée a en tête l'enfant qui parle ainsi au sujet de la manière dont les relations entre membres d'un groupe doivent fonctionner ?
Tout est dans l'apparition de ce verbe « devoir » dans la question qui précède. L'idée est qu'il y a ce qui se fait (ce qui est de l'ordre du fait) et ce qui doit ou ne doit pas se faire (ce qui est de l'ordre du droit). En philosophie, on distingue le fait et le droit ou encore l'être (ce qui est) et le devoir être. L'idée qui émerge dans l'esprit de celui qui dit « T'as pas le droit! », même quand il n'a que deux ans et qu'il n'a pas encore fait de philosophie (!), c'est qu'il y a une différence entre les choses qui se font et les choses qui doivent ou devraient se faire. En considérant aussi, comme on dit souvent dans le langage courant, que tel fait n'est pas « normal », on suppose qu'il ne devrait pas avoir lieu. On se réfère consciemment ou pas à l'idée de norme. Une norme est une idée porteuse de l'exigence que les faits s'y conforment : nous attendons de l'autre ou des autres qu'ils se conduisent en suivant cette exigence. Celle-ci peut être explicite ou non, écrite ou non, mais sa fonction est d'obliger quelqu'un ou un groupe d'hommes plus ou moins large à agir non pas spontanément (poussé par un instinct, une pulsion, une passion ou une envie passagère) mais à se référer avant d'agir (sans que l'on s'en rende nécessairement compte tant parfois nous avons intériorisé ces normes) aux règles qui régissent notre vie en société.
Ce qui précède est cependant trop vague et trop large encore pour nous permettre de définir « le droit ». Les règles ou normes dont nous avons parlé jusqu'à présent peuvent être proprement juridiques mais aussi morales, religieuses ou simplement traditionnelles. Nous verrons un peu plus loin les différences entre ces règles en fonction de leurs sources.
Pour l'instant, retenons que le droit se présente comme une série d'énoncés normatifs ou de règles qui instituent des devoirs en prononçant l'interdiction de certains comportements, ou l'obligation d'en adopter d'autres. Ajoutons que les lois peuvent aussi éventuellement énoncer ce qui est simplement permis.
Ainsi, pour revenir à la distinction qui sert de titre à cette partie du cours, l'idée de droit entretient-elle essentiellement une relation critique vis-à-vis des faits, ou de ce que l'on pourrait appeler le « fait brut » : que certains comportements existent effectivement, voire soient très communs ou très ancrés dans les habitudes, ne change rien à l'affaire pour l'homme qui grâce à sa conscience et sa raison pose la question « De quel droit ? ». Il ne s'agit pas de savoir si l'acte en question se pratique ou est communément admis mais s'il est légitime et/ou légal (nous reviendrons également plus loin sur cette distinction importante).
La distinction fondamentale que nous venons de mettre en évidence entre ce qui simplement est, et ce qui est légal ou légitime (c'est-à-dire conforme à une règle juridique ou morale) nous permet de comprendre pourquoi l'idée qu'il existerait un droit du plus fort ne résiste pas à un examen rationnel. Selon cette idée le fait qu'une personne soit plus puissante, plus forte, qu'une autre lui donnerait un droit sur elle. Le plus faible ne serait pas seulement contraint d'obéir au plus fort, mais il y serait également obligé. C'est de cette manière qu'historiquement l'esclavage a pu être justifié par exemple. Il faut ici se référer aux analyses limpides de Rousseau dans Du contrat social (Livre I, chapitre 3) : il y établit clairement que d'un fait on ne peut tirer aucune norme. Qu'un comportement existe, qu'une domination soit établie en fait, n'entraîne aucun droit, donc aucun devoir de lui obéir ou de l'accepter corrélativement. Il faut distinguer les puissances de fait et les puissances légitimes, que ce soit par exemple dans des relations inter-individuelles (un mari ou un père qui use de la violence sur les membres de sa famille parce qu'il est le plus fort physiquement) ou dans la sphère politique (où le pouvoir peut être entre les mains d'un despote quelconque et de l'armée qui le sert). Ainsi l'argumentation de Rousseau sur ce point se termine-t-elle par cette phrase : « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes. »
Pour être complet, nous venons donc de voir que la force ne peut constituer un fondement pour le droit, mais en revanche elle est bien souvent, historiquement, à l'origine du droit réel. Quand le pouvoir en place a été conquis par la force et qu'il édicte arbitrairement des lois... Comme le dit Pascal, il arrive bien souvent que la force se travestisse et se fasse passer pour juste (voir ici).
Il faut donc distinguer le droit idéal et le droit réel ou positif. On entend par droit positif la législation existant à un moment donné et dans une société donnée, constituée par l'ensemble des règles juridiques en vigueur. Dans ce sens là, dans toutes les sociétés actuelles il y a un droit positif, c'est-à-dire des règles, des lois écrites, qui émanent de l’État et qu'il se charge de faire respecter.
Mais on peut se poser la question de savoir si le droit positif dit tout du droit. Qu'une loi ou une règle existe nous interdit-il de la juger ? A un moment donné de l'histoire, le droit positif définit ce qui est obligatoire légalement (dénoncer les juifs en France sous l'occupation allemande), ce qui est interdit (ouvrir un compte en banque sans l'accord de son mari, en France toujours, pour une femme avant 1965) ou permis. Vous aurez compris avec les exemples subtils (!) que j'ai choisi, où je veux en venir : ce qui est légal est-il nécessairement légitime ? Les lois en vigueur à un moment donné de l'histoire dans une société donnée sont-elles nécessairement justes ? Peuvent-elles être elles-mêmes jugées ? Si oui, au nom de quoi ?
Le positivisme juridique.Il est possible sur ces questions de défendre un strict point de vue positiviste, on parle alors de
positivisme juridique. Cette position consiste à rejeter l'idée que nous pourrions juger les diverses
législations existantes de l'extérieur. On ne peut pas affirmer qu'une législation est mauvaise ou plus
mauvaise qu'une autre car il faudrait pour cela disposer d'un critère externe et universel qui soit
comme une « super-norme » qui surplombe le système constitué par le droit positif donné du pays que
nous voulons considérer. Or, les partisans de ce courant de pensée considèrent que nous ne pouvons
définir le Juste ou le Bien en soi, qu'il s'agit seulement d'idées vides ou métaphysiques.
Ainsi Hans
Kelsen (1881-1973) dans sa Théorie pur du droit (1934), parce qu'il veut fonder une « science du
droit », réclame-t-il un statut autonome pour le droit à l'égard de la morale et de toute idée d'un
droit idéal ou naturel : Un système juridique quelconque, comme un système logique ou mathématique,
doit être bien construit, cohérent, ordonné; mais il est au même titre que ceux-ci une construction
tout à fait artificielle, dont les bases sont conventionnelles et en aucune manière fondées dans la
nature ou dans une quelconque Idée transcendante de Justice. Tous les systèmes juridiques sont
également légitimes, ou plutôt, l'idée même de pouvoir juger d'un tel système (hormis la question de
savoir si les normes qui le composent sont compatibles entre elles et hiérarchiquement ordonnées) est
absurde, c'est-à-dire vide de sens (voir ce texte).
A l'inverse de la position positiviste, nous trouvons une conception que l'on appelle idéaliste. Elle repose sur l'idée selon laquelle au-delà ou au-dessus des lois ou des normes historiquement instituées nous pouvons et nous devons nous référer à des normes qui elles ne seraient pas relatives au temps et au lieu et qui nous permettraient de fonder la différence entre ce qui est légal et ce qui est légitime. Autrement dit qu'il serait possible et légitime de juger, voire de condamner certaines lois positives au nom de droits ou de valeurs universelles. Comment atteindre ou connaître cet "universel", s'il existe ? Selon les traditions ou les auteurs il faudra chercher leur fondement en Dieu, dans la nature humaine ou dans la raison, mais la justification de cette prétention à l'universalité est évidemment loin d'aller de soi.
La figure d'Antigone dans la tragédie éponyme de Sophocle est une représentation tragique de cette position selon laquelle il y a des lois plus fondamentales que les lois contingentes de la Cité : Antigone qui décide de braver l'interdiction du roi Créon d'enterrer son frère Polynice, en se référant à son devoir d'obéir aux lois divines qui ordonnent d'honorer sa famille. Pour elle, il ne fait aucun doute que les devoirs que nous avons envers les dieux et les morts sont supérieurs à ceux que nous avons envers les lois civiles, qui ne sont qu'humaines.
De la même manière on peut penser aux résistants qui, pendant la seconde guerre mondiale, désobéissaient à l’État français de Vichy et aux forces d'occupation allemande aux noms de valeurs chrétiennes ou laïques universelles (d'une certaine idée de l'humanité, de la dignité de la personne humaine ou des droits de l'homme).
Même si l'existence de telles Idées est problématique (comment définir le Bien, le Juste ?), pouvons-nous si facilement en faire l'économie ? Pouvons-nous nous contenter de penser que ce qu'une loi interdit est nécessairement injuste ? ou que ce qu'elle ordonne est nécessairement juste ? N'est-il pas parfois juste de désobéir ? Nous rejoignons là à la fois une réflexion politique sur ce qui rend un pouvoir, un État, et donc les lois qu'il promulgue légitimes, (voir cours sur la politique) et une réflexion sur la Justice (entendue comme Idée et non pas comme institution).
Nous venons de voir que l'on ne saurait confondre le légal et le juste, ou une action, une décision légale et une action légitime sans tomber dans un relativisme dangereux.
D'un strict point de vue juridique, nous pouvons signaler également qu'un pur légalisme (c'est-à-dire une référence exclusive à la loi positive, réduite à sa lettre) n'est pas tenable non plus : le fait que dans les tribunaux les juges doivent interpréter les lois (nécessairement générales) pour les appliquer à des situations particulières, en se référant à l'esprit de celles-ci (à l'intention du législateur, aux finalités poursuivies) montre que l'on ne peut pas éliminer le fait que pour déterminer le juste, nous devons justement juger et jamais simplement appliquer, de manière mécanique une règle (voir ce texte de Thomas d'Aquin). Si l'on pouvait le faire, une machine pourrait tout aussi bien que l'homme dire si un individu est coupable ou non (d'un délit ou d'un crime) et quelle peine doit lui être infligée. Il semble donc que l'on ne puisse éliminer le recours à la conscience de celui qui juge, même si l'on voit bien que le risque d'arbitraire et de subjectivité ressurgissent alors. Ainsi, contre un strict positivisme ou légalisme, les différents systèmes juridiques font-ils une place, plus ou moins grande, à l'idée de jurisprudence.
Comment alors définir ou connaître le juste, si ni la loi positive ni la conscience ne sont des références fiables et sûres ? Qu'est-ce qui nous permet de dire si une loi est juste ?
La justice comme vertuOn pourrait d'abord imaginer qu'une loi juste émane d'une autorité (celle d'un seul homme ou
d'un groupe de « sages ») possédant la vertu de justice. C'est l'espoir qu'exprime Platon, dans l'Alcibiade
par exemple, dans lequel Socrate cherche tout au long du dialogue à
faire comprendre à son jeune ami Alcibiade, qui ambitionne de hautes responsabilités dans la cité
d'Athènes, que seule une connaissance du Bien pourrait rendre légitime son ambition de diriger les
affaires publiques.
Pour les Anciens, en effet, la cité doit être orientée vers et instituée pour promouvoir la "vie bonne",
c'est-à-dire une certaine idée du Bien et de la fin à laquelle doit tendre l'homme. Une loi, une répartition des honneurs
ou des tâches etc., sont justes, dans la mesure où elles contribuent à l'accomplissement de cette fin. C'est une telle conception
téléologique de la société et de la nature humaine que développe en particulier Aristote.
"À l’inverse, les philosophes politiques modernes – d’Emmanuel Kant au XVIIIe siècle à John Rawls
au XXe siècle – soutiennent que les principes de justice à partir desquels sont définis nos droits ne devraient pas reposer sur
une conception particulière de la vertu ou une manière de vivre au motif qu’on la jugerait supérieure. Bien au contraire, une
société est juste lorsqu’elle respecte la liberté de chacun de vivre selon sa propre conception de la vie bonne." M. Sandel, Justice (2010).
Ainsi pour Kant, (dans Qu'est-ce que les Lumières ?), par exemple,
il ne s'agissait plus de compter sur la sagesse intrinsèque d'un monarque « providentiel », ou d'en appeler aux philosophes-rois
mais de garantir la liberté de pensée et de discussion, et de permettre donc l'émergence d'un véritable espace public
pour rendre possible le déploiement de la raison.
Les penseurs politiques modernes prendront acte, de plus en plus, du fait que les divergences entre les conceptions du Bien, ne peuvent être réduites, que le "polythéisme des valeurs" (Max Weber) est indépassable. Il en viendront à la conviction qu'il faut distinguer le Bien du Juste : le premier a une définition substantielle, c'est-à-dire un contenu ou une nature bien identifiée (mais seulement pour les personnes qui partagent les mêmes convictions religieuses ou philosophiques); le second désigne formellement le résultat auquel des individus dont les valeurs peuvent être très différentes, voire divergentes, ont aboutis, après s'être mis d'accord sur des principes ou des procédures par lesquels ils ont acceptés de produire des normes.
C'est donc la qualité des procédures qui ont été suivies pour l'élaborer, qui permet de considérer qu'une
décision ou une loi est juste, si l'on se place de ce point de vue, que l'on peut donc appeler procédural.
La pensée politique classique (cf cours sur la politique) nous avait déjà appris qu'une loi est juste,
ou a plus de chance de l'être, si elle émane d'un pouvoir légitime, c'est-à-dire fondé sur les idées de
contrat, de souveraineté populaire, si dans cet État est instaurée une séparation des pouvoirs, si la
proposition de loi a été discutée, a fait l'objet d'un examen critique etc...
Plus près de nous c'est aussi à cette conformité des procédures suivies réellement pour discuter de la justesse de telle ou telle proposition avec des normes idéales de discussion, que des philosophes contemporains comme Karl Otto Apel (né en 1922) ou Jürgen Habermas (né en 1929), se sont intéressés à travers la réflexion sur ce qu'ils ont appelé l'éthique de la discussion : en faisant très schématique, dans cette perspective, la définition du juste est le résultat de discussions entre les personnes concernées, discussions qui ont respecté certaines normes (égalité de droit des participants, accès égal à l'information etc...) et qui ont abouti à un consensus. C'est sur ces principes que fonctionnent par exemple les comités de bio-éthique chargé d'émettre des avis sur des sujets comme le développement des OGM, l'autorisation du clonage ou des recherches sur les embryons humains.
Trois théories de la JusticeIl existe évidemment d'autres courants importants de la philosophie morale qui proposent des réponses à la question de savoir comment déterminer ce qui est juste, ou bon, moralement. Vous pouvez d'ailleurs faire le lien ici avec le chapitre sur la morale :
Pour une présentation claire de cette théorie, voir cette excellente vidéo de Philoxime sur le libéral-égalitarisme et ce texte sur La position originelle et le voile d'ignorance
Si on admet l'égalité de droit des individus, on peut ajouter qu'être juste c'est traiter de manière égale tous ceux sur qui notre action aura une influence, donner autant à chacun ou traiter chacun de manière égale. Deux enfants qui auront reçu le même nombre de bonbons de la part de leur mère auront ainsi le sentiment que le partage a été juste; ou deux élèves attendent d'un professeur qu'il leur porte la même attention, la même sollicitude. Dans de nombreux contextes, la justice consiste en l'égalité car rien alors ne justifie un traitement inégal : nous sommes tous égaux en qu'en que nous avons les mêmes droits, en tant qu'hommes ou qu'élèves par exemple.
Néanmoins, être juste, n'est-ce pas, dans certains cas, traiter inégalement, d'un point de vue arithmétique, des personnes qui n'ont pas mérité autant ? N'est-il pas juste, pour revenir sur un des exemples précédents, de ne pas attribuer la même note à deux élèves qui n'ont pas réussi également un exercice ? On doit tenir compte alors de la notion de mérite, et respecter cette fois une égalité d'ordre proportionnelle : la note de chacun (ou le salaire dans une relation entre patron et employé) sera fonction de la performance réalisée. Il serait absurde (et injuste!) que deux personnes obtiennent la même rétribution ou des rétributions égales dans ce cas ; il convient alors de respecter l'équité entre eux.
Dans le même sens, n'est-il pas juste de donner plus à ceux qui ont moins ou de pratiquer ce que l'on appelle la discrimination positive, pour rétablir une réelle égalité des chances entre individus qui ne sont pas dans des situations égales au départ ?
Sur ces points, voir de nouveau John Rawls : Les deux principes de justice
Type de loi | Source | Qui punit ? | Comment ? | Quelle punition ? |
---|---|---|---|---|
Loi juridique | Elle est d'origine humaine. Elle émane de l'autorité souveraine donnée dans la société considérée (le pouvoir législatif). | L'Etat, à travers l'institution Judiciaire qui détermine si une faute a été commise et quelle sanction elle mérite en fonction de règles écrites (code civil, pénal...) | La loi assigne des devoirs à l'individu de l'extérieur. Elle réglemente les comportements et non les intentions. | En fonction de la gravité de l'acte commis : La contravention, le délit, le crime sont punis d'amende et/ou de privation de libertés, de TIG etc... |
Loi divine | Dieu qui la révèle aux hommes par l'intermédiaire de prophètes |
|
Elle oblige de l'intérieur l'individu par la conscience morale de la faute, ou le sentiment de culpabilité dont on peut considérer qu'il est comme la voix de Dieu en sa créature. De l'extérieur par les institutions écclésiastiques. | La faute constitue un péché. La punition peut avoir lieu du vivant de son auteur (directement à travers une action de Dieu ou à travers une sanction de l'Eglise) ou après sa mort (Jugement dernier dans le christianisme). |
Loi morale | La conscience individuelle ou la raison selon le système moral auquel on se réfère | La conscience morale à travers le sentiment de culpabilité, le remords, internes à celui qui a commis la faute | L'obligation se fait sentir également « de l'intérieur » toujours par le moyen du sentiment de devoir respecter cette loi. La sanction peut aussi consister en une condamnation de la part des autres. |
|
En fait / En droit - Légal / Légitime - Hiérarchie des normes - Obligation / Contrainte - Droit / Devoir - Origine / Fondement - Droit naturel ou idéal / Droit positif - Positivisme juridique - Légalisme - Jurisprudence - Egalité / Équité