- Le sujet met en relation deux notions : la conscience et la liberté .
La conscience est cette faculté qui fait que nous sommes présents à nous-mêmes et au monde; nous nous représentons le monde et nous-mêmes. Nous pouvons en prendre connaissance.
La liberté est une capacité d'agir indépendamment de causes ou de contraintes externes, d'échapper à ce qui nous détermine (-> Invitation à réfléchir sur ce qui peut faire obstacle à notre liberté, nous aliéner : les autres hommes, la société, la nature, nos propres tendances...).
~~ En termes de références, on peut penser : au texte de Kant tiré de Qu'est-ce que les Lumières ? dans lequel il expose les causes de l'état de tutelle dans lequel se trouve les hommes, mais aussi à quelles conditions ils pourront en sortir. On peut affirmer qu'une condition fondamentale à cette libération est la prise de conscience par l'homme de son état d'aliénation. Egalement à l'extrait de la lettre à Schuller de Spinoza.
~~Toujours concernant la notion de liberté, il peut être intéressant de distinguer pour ce sujet le sentiment d'être libre et le fait de l'être : il ne faut pas définir naïvement la liberté comme un sentiment, car il est bien évident qu'il peut nous tromper, et que sans doute, il nous trompe effectivement souvent.
La question étant de savoir si plus on est conscient plus on est libre, on pourra montrer en tous cas que dans une certaine mesure le sentiment d'être libre est d'autant plus développé que nous inconscients (=ignorants) de ce qui nous détermine (cf. Spinoza, Freud).
- Penser aussi au rapport de l'homme à la nature : à l'instinct, à la différence Homme/animal/choses : le degré de liberté des êtres, c'est-à-dire d'indépendance relativement au milieu naturel n'est-il pas lié au degré de conscience ?
=> Peut-on dire que plus on est conscient (de soi, du
monde) plus on est libre ?
Accroître notre savoir, nos connaissances est-il
libérateur ou au contraire cela nous fait-il ("seulement",
mais peut-être est-ce déjà beaucoup...
?) prendre conscience de ce qui nous asservit, nous aliène ?
Qu'en est-il du sentiment de notre liberté ?
-"Etre libre" c'est agir spontanément, "sans se poser de questions" comme on dit. Selon cette première approche très naîve, non critique, de la liberté, on est libre quand "on fait ce qu'on veut" sans réfléchir, sans se soucier des autres etc... On croit penser quand on ne fait que répéter des opinions communes, on croit être libres d'agir quand on ne fait qu'imiter les autres etc...
- En vérité ce n'est pas parce qu'on ne réfléchit pas parce qu'on est spontané que l'on est libre : cette "spontanéité" cache toutes les influences auxquelles nous sommes soumis. On se sent libre mais on ne l'est pas parce qu'on est le jouet de forces que l'on ignore.
- On découvre la naïveté de notre attitude immédiate, de notre croyance en liberté. On se découvre aliéné. Examiner les diverses causes : naturelles, sociales, politiques, psychologiques...
- Cette révélation peut faire sombrer la conscience commune dans le désespoir, le pessimisme, parce qu'elle ne conçoit pas une liberté qui ne soit pas absolue, immédiate.
- Mais, à un autre niveau, savoir que l'on est aliéné n'est-ce pas progresser vers plus de liberté, au moins en ce sens que l'on n'est plus dupe ?
Idée générale : Par la connaissance, la prise de conscience de ce qui nous détermine, on peut se libérer, devenir progressivement autonome.
Trois domaines pourraient servir à illustrer/développer cette idée :
- Les sciences et techniques : Par la connaissance des lois, des mécanismes naturels, nous pouvons être moins soumis à eux, à la nature. Quelques exemples : les connaissances en agronomie permettent d'augmenter la productivité de l'agriculture; la médecine par la connaissance des mécanismes pathogènes permet d'inventer des traitements pour guérir; les manipulations génétiques; en physique, c'est bien la connaissance des lois de l'univers qui permet de créer des matériaux plus résistants, d'envoyer des sondes spatiales etc. Il est évident que l'homme du XXIième siècle est moins soumis à la nature, a gagné en liberté grâce à la technologie.
- La politique : C'est en prenant conscience d'abord d'une situation d'aliénation et de ses causes (par exemple une inégale répartition des richesses, du pouvoir) que les peuples ont ensuite le choix d'en changer, d'agir pour modifier le monde dans lequel ils vivent, dans le sens d'une plus grande liberté. ex. : les révolutions, les grands mouvements sociaux.
- La psychanalyse : l'ambition de Freud est, à grâce à la psychanalyse (qui est à la fois une méthode d'investigation de l'inconscient et une méthode thérapeutique), de permettre à l'individu, par une meilleure connaissance de lui-même (donc de son inconscient) de se réapproprier son existence, de n'être plus agit par des forces qui lui échappent, mais de retrouver sont statut d'acteur, de sujet.
Plus on est conscient plus on est libre. La vraie liberté est une conquête, elle réclame des efforts, du travail, aussi bien dans le domaine de la pensée que dans celui de l'action. Elle n'est donc poas immédiate, mais est au contraire le fruit de parfois longues médiations. Elle se révèle aussi être un horizon plus qu'un état dans lequel on pourrait se reposer.