Cardon (Dominique)
Analogique et numérique
Revenons aux 0 et aux 1. Le monde dans lequel nous vivons, écrivons et parlons est essentiellement analogique. Alors que le signal analogique, propre à l’écriture manuscrite, à la photographie argentique et à la voix, est une forme continue qui oscille entre une valeur minimale et une valeur maximale, le signal numérique, lui, est discontinu et ne peut prendre que deux valeurs : 0 ou 1. Pour le calculer, il faut le discrétiser, autrement dit transformer les textes, les images et les sons en 0 et en 1. Ainsi, lorsqu’on transforme une image en pixels et que l’on attribue à chaque pixel des valeurs décomposant les trois couleurs primaires (rouge, vert, bleu), elle devient numérique. Contrairement au signal analogique, qui s’affaiblit à chaque maillon de la transmission, les données numériques ne s’altèrent pas, les chiffres transmis par le numérique sont immuables. Alors que la copie d’une cassette audio ou d’un document de papier provoque des pertes, celle d’un DVD ou d’un fichier est parfaitement fidèle. Les informations transformées en chiffres sont beaucoup plus faciles et beaucoup moins coûteuses à stocker et à reproduire que des signaux analogiques. Or, et c’est la magie du codage informatique, une fois les informations transformées en chiffres, il est possible de conduire l’ensemble des opérations qui sont à l’origine de la révolution numérique : les données peuvent être stockées et archivées dans des fichiers ; elles peuvent être déplacées et échangées et donc favoriser la communication à distance et la coopération ; elles peuvent, enfin, être calculées et transformées de mille et une manières. L’informatique et les ordinateurs sont les agents de ces transformations.
Cardon (Dominique), Culture numérique, 2019