Nous appelons compréhension le processus par lequel nous connaissons un "intérieur" à l'aide de signes perçus de l'extérieur par nos sens. C'est l'usage de la langue (...). La compréhension de la nature - interpretatio naturae - est une expression figurée. Mais nous appelons aussi, assez improprement, compréhension l'appréhension de nos états particuliers. Je dis par exemple : "Je ne comprends pas comment j'ai pu agir de la sorte" et même : "Je ne me comprends plus". J'entends par là qu'une manifestation de moi-même qui s'est intégrée dans le monde sensible me semble venir d'un étranger et que je ne suis pas capable de l'interpréter en tant que telle, ou, dans le second cas, que je suis entré dans un état que je regarde comme étranger. Ainsi donc, nous appelons compréhension le processus par lequel nous connaissons quelque chose de psychique à l'aide de signes sensibles qui en sont la manifestation.
Cette compréhension va de l'intelligence des balbutiements enfantins à celle d'Hamlet ou de la Critique de la raison pure. Par les pierres, le marbre, la musique, les gestes, la parole et l'écriture, par les actions, les règlements économiques et les constitutions, c'est le même esprit humain qui s'adresse à nous et demande à être interprété.