On comprend mieux alors ce que disent les historiens quand ils parlent des faits. Un fait n'est rien d'autre que le résultat d'un raisonnement à partir de traces suivant les règles de la critique. Il faut l'avouer, ce que les historiens appellent indifféremment des "faits historiques" constitue un véritable "bazar", digne d'un inventaire à la Prévert. Voici par exemple quelques faits : Orléans a été libéré par Jeanne d'Arc en 1429; la France était le pays le plus peuplé d'Europe à la veille de la Révolution; (...) l'usage des robes blanches pour les mariées s'est répandu sous l'influence des grands magasins dans la seconde moitié du XIXe siècle; la législation antisémite de Vichy ne lui a pas été dictée par les allemands... Qu'y a-t-il de commun entre tous ces "faits" hétéroclites ? Un seul point : ce sont des affirmations vraies, parce qu'elles résultent d'une élaboration méthodique, d'une reconstitution à partir de traces.