Notre méthode est basée sur l’économie des moyens. Elle veut qu’on fasse appel à une notion spéciale ou supplémentaire que comme dernier recours, si elle s’impose avec évidence ou si elle est nécessaire pour la construction d’un système, et seulement lorsqu’on est prêt d’être armé pour la confronter à l’expérience.
Notre connaissance des phénomènes de la vie s’améliore suffisamment pour que nous commencions à connaître leurs caractères, et pour que nous voyions leur spécificité dans la subordination à un édifice matériel d’une complexité et d’une délicatesse prodigieuses. En dehors de tels édifices, nous ne voyons aucune manifestation des phénomènes de la vie, et nous en arrivons à considérer les actes vitaux comme étant à la fois la condition et la conséquence de l’évolution qui a conduit à ces structures. (...)
Jusqu’à preuve du contraire, il n’existe aucun principe vital, aucun fluide vital, aucune force vitale. (...) Nous pourrions renoncer à utiliser le terme de vie pour caractériser ce mode d’existence et de fonctionnement, ce mode supérieur de mouvement de la matière, et c’est dans ce sens que nous produisons l’assertion paradoxale : la vie n’existe pas. Libre à nous cependant de désigner sous le nom de vie l’ensemble des manifestations particulières au degré élevé d’organisation que présentent les êtres vivants, et dans ce sens, nous reconnaissons comme une évidence que la vie existe.