L’idée s’est vite imposée dans l’esprit des philosophes  : l’homme se définit par son aptitude à transgresser la Nature – une Nature qui l’a déshérité en ne lui offrant que le minimum par rapport à la dotation des animaux (voir le mythe de Prométhée). L’homme est homme parce qu’il s’arrache au donné naturel et qu’il ouvre ainsi l’espace de la culture et de l’histoire. Hegel exprimait cette idée en proposant de considérer le tatouage ou la scarification chez les Indiens comme l’indice de la présence de l’esprit en eux et de leur vocation à nier la Nature pour le réaliser. Dès qu’il est délivré du besoin animal, l’homme manifeste son humanité en suscitant un univers de symboles et en accomplissant des gestes autonomes. Parmi ces gestes, il en est certains que les anthropologues et les philosophes privilégient  : en tout premier lieu, celui du sacrifice – geste souverain par excellence, selon Bataille, parce qu’il méprise l’ordre des choses utiles –, celui de la fête qui nie rituellement les interdits, celui du crime qui défie l’ordre du bien, celui de l’érotisme qui déjoue l’impératif de la reproduction, celui de la révolution qui renverse l’ordre ancien…