"Septuagénaire, lady Montague avouait avoir cessé de se regarder dans un miroir depuis onze ans. Excentricité ? Peut-être, mais pour ceux-là seuls qui ignorent le calvaire de la rencontre quotidienne avec sa propre gueule."
"La conscience est bien plus que l'écharde, elle est le poignard dans la chair."
Cioran, Aveux et anathèmes, 1987.
1) Chercher des expressions dans lesquelles apparaît le mot "conscience". N'y a-t-il pas différents sens assez distincts de ce terme ? Essayer de les expliciter. |
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2) Consulter ce schéma : |
L'humain possède la conscience. La conscience est cette faculté qui fait que, lorsque nous agissons ou parlons, nous savons que nous agissons ou parlons. Nous avons une certaine connaissance de nos actes et de nos paroles. Étymologiquement en effet, le mot "conscience" en français, vient du latin conscientia composé du préfixe con- (« avec ») et scientia (« connaissance »). Cette faculté est souvent considérée comme la faculté fondamentale qui nous distingue des autres réalités naturelles (bactéries, plantes, animaux...) ou des simples objets (voire, pour l'instant encore (!) des machines), qui fait notre humanité et nous désigne comme des sujets. Cette idée est particulièrement exprimée dans les deux textes qui suivent :
Hegel, L'homme est esprit. |
Kant, Le pouvoir de dire "Je". |
Cependant, comme l'a bien vu Pascal, cette faculté ne fait pas seulement connaître à l'homme sa grandeur : la conscience d'être sujet, d'exister, ou d'être jeté dans le monde, peut également être douloureuse :
Philippe de Champaigne, Vanité, 1644. Pascal, Le roseau pensant. |
"Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout." |
"Être sujet" cela ne signifie pas seulement savoir que l'on existe, et avoir conscience du monde qui nous entoure. Ou plutôt, de ceci découle également le fait que nous sommes, ou que nous serions, auteurs ou responsables de nos actes, de ce que nous faisons et de ce que nous disons. Nous sommes (ou nous nous concevons comme) des sujets au sens psychologique ET au sens moral. Les auteurs dont il va être question dans cette partie explorent les liens entre la conscience, la liberté et la responsabilité.
1°) Des philosophies de la liberté :L'existentialisme expliqué par Cyrus North |
Mais aussi bien l'idée que la conscience de soi nous rend capables de nous connaître nous-mêmes, que l'affirmation de notre statut de sujet sont problématiques. Sommes-nous transparents à nous-mêmes ? La capacité que nous avons de nous connaître n'est-elle pas limitée ? Sommes-nous réellement sujets de nos actes et de nos paroles ?
- Spinoza, L'illusion de la liberté.Pouvons-nous définir ou saisir notre identité, notre "moi" ? Ces concepts ne sont-ils pas que des mots, des fictions, des abstractions sans correspondance dans le réel, dans notre expérience concrète ?
- Hume, Le moi comme fiction.C'est dans ce contexte d'une mise en question du statut de sujet tel qu'il a pu être théorisé dans la philosophie classique, que l'on peut aborder en philosophie l’œuvre de Freud et sa découverte (ou son invention ?) de l'inconscient psychique.
1°) Comment sont nées les premières hypothèses qui vont donner naissance à la psychanalyse ? Voir ces extraits de la première des Cinq leçons sur la psychanalyse dans laquelle Freud parle de ses premiers travaux sur l'hystérie.La théorie de Freud a rencontré dès le début des oppositions, des critiques. Certaines venant du milieu médical ou scientifique, d'autres du champ de la philosophie. Elle a soulevé des doutes (quant à sa scientificité) ou des inquiétudes (quant à ses conséquences réelles ou supposées). Aujourd'hui encore les débats ne sont pas clos, en particulier avec la neurologie. Voici trois auteurs et trois textes qui formulent certaines de ces critiques :
- Alain, Le freudisme.